De l’exorcisme lyrique qui parfois se fait à l'identique de son propre supplice.

"La violence est incapable de fonder quoique ce soit et ne peut rien produire d’autre qu’elle-même." Paul Zahiri

En étudiant les symptômes des victimes d'événements post-traumatiques, on peut bénéficier d'un éclairage sur ce que ces symptômes pourraient représenter concernant des ensembles de peuples disséminés sur le continent, subissant chacun de leur côté les sévices d'une civilisation se pensant supérieure, élue, appelée à dominer.

Les Africains traversent des phases de récupération ; parfois, l'exorcisme est lyrique, il sort de la bouche de poètes, d'hommes de convictions ; parfois, il se fait à l'identique de son propre supplice.

Nous devons vivre dans l’exaltation, dans la transcendance, car c'est en tout temps et en tout lieu ce que nous faisons de mieux. En nous, nous acceptons toute la race humaine, celle qui s'en souvient, comme celle qui voudrait l'oublier. Nous n'avons rien à prouver, sinon à nous-mêmes, que ce destin est le nôtre et que nous n'avons pas d'excuse à ne pas le faire se manifester.

La grandeur est en nous, et par plusieurs fois dans l'Histoire de l’Humanité, cette résurgence s'est confirmée. De nous, le savoir véritable, le savoir sensible, la quête de l'invisible sont tirés. Le savoir qui permettra à l'Homme de vivre dignement, c'est de nous qu'il viendra ; de cela je suis sûr, de cela est fait mon — notre — combat.

Je ne fais que répéter avec mes mots ce que d'autres ont déjà clamé haut et fort ; leur appel attend toujours une réponse de notre part.

Hailé Sélassié Ier — War — Appel à l'Organisation des Nations Unies

Prononcé par l'Empereur d’Éthiopie, Hailé Sélassié Ier, à l'Assemblée Générale de l'Organisation des Nations Unies, New York City, le 6 octobre 1963 :

"Tant que la philosophie qui fait la distinction entre une race supérieure et une autre inférieure ne sera pas finalement et pour toujours discréditée et abandonnée ; tant qu'il y aura encore dans certaines nations des citoyens de première et de seconde classe ; tant que la couleur de la peau d'un homme n'aura pas plus de signification que la couleur de ses yeux ; tant que les droits fondamentaux de l'homme ne seront pas également garantis à tous sans distinction de race ;

Jusqu'à ce jour, le rêve d'une paix durable, d'une citoyenneté mondiale et d'une règle de moralité internationale ne restera qu'une illusion fugitive que l'on poursuit sans jamais l'atteindre. Et tant que les régimes ignobles et sinistres qui tiennent en esclavage nos frères en Angola, Mozambique et Afrique du Sud n'auront pas été renversés et détruits ; et tant que le fanatisme, les préjugés, la malveillance et les intérêts personnels n'auront pas été remplacés par la compréhension, la tolérance et la bonne volonté ; tant que tous les Africains ne pourront pas se lever et s'exprimer comme des êtres humains libres, égaux aux yeux de tous les hommes comme ils le sont aux yeux de Dieu ;

Jusqu'à ce jour, le continent africain ne connaîtra pas la paix. Nous, Africains, nous battrons si nécessaire, et nous savons que nous vaincrons, tant nous avons confiance en la victoire du bien sur le mal."

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Réflexion sur l'application de cette philosophie

Bien sûr, la plupart de ceux qui se réclament de ce texte et qui en tuent l'essence en étant des philosophes qui ne pratiquent pas leur philosophie, et des vecteurs de haine et de mort qui se servent de l'Histoire pour justifier leur attitude déviante, sont autant de freins à cette résurgence. Ils voudraient se venger ou bien appliquer la loi du talion. Mais comme le dit si bien Paul Zahiri :

"La violence est incapable de fonder quoi que ce soit et ne peut rien produire d’autre qu’elle-même."

"Après les génocides du siècle passé, la démonstration de force de la violence déchaînée continue dans le siècle en cours. Elle prend même figure dans les massacres des populations civiles au travers des guerres, domestiques, meurtrières et tragicomiques.

Force est de reconnaître pourtant que le problème de la violence est devenu plus difficile à résoudre. C’est à tort que l’on continue de croire en un génie humain inépuisable. Les polarités guerrières, si répandues par-dessus tout le globe, et dont raffolent les médias, libèrent un principe de réciprocité caché.

Les victoires que l’on pense récolter appelleront, d’une manière ou d’une autre, d’autres guerres à la violence redoublée. Car la violence a une vocation extrémiste qui a trouvé dans la technique et la politique de solides alliés. Mais la stérilité croissante de cette violence, injustifiable, est devenue tout aussi patente. Elle est incapable de fonder quoi que ce soit et ne peut rien produire d’autre qu’elle-même."

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